Claire : Le début de tout, ça a sans doute été les tempêtes de l'hiver dernier.
Ici, sur le littoral, ça a fait de gros dégâts. La digue de Boulogne a été endommagée. Des falaises se sont éboulées du côté du Gris-Nez - je veux dire davantage que d'habitude. Les vents ont soufflé jusqu'à cent quarante kilomètres-heure. A Framezelle, le toit d'une maison a été emporté. C'est sans doute durant ces tempêtes, au solstice d'hiver, que la mer a creusé sous le blockhaus, que les vagues ont creusé...
Des piques à cent cinquante. Durant les grandes marées, le niveau des eaux monte... C'est durant ces tempêtes que le blockhaus a bougé. Le fameux blockhaus.
Il a piqué du nez vers la plage. Pas assez pour que ça nous inquiète. Il n'avait pas bougé à un point tel que... Je veux dire il n'y avait pas de risque qu'il s'éboule sur la plage, écrasant les baigneurs sur leurs serviettes - baigneurs allongés là à prendre le soleil, à l'abri du vent sous le blockhaus. On s'était dit. Jean et moi - et aussi au poste, les collègues - on s'était dit qu'on réglerait la question du blockhaus à l'automne, une fois la saison touristique passée.
On avait tant à faire. Il ne penchait pas suffisamment, ce blockhaus, pour...
Comme chaque année en juin, dans cette station balnéaire du nord de la France, les Fêtes du Solstice approchent.
Cette fois pourtant, quelques éléments nouveaux viennent changer la dorme : d'abord les rafles policières de clandestins s'intensifient aux abords du port et du tunnel ; ensuite le nouveau maire voudrait une dimension patrimoniale plus affirmée ; enfin et surtout, le vieux Baptiste a disparu.
Enlèvement ? Fugue ? Accident ? Son fils Jean, responsable de la sécurité au tunnel, et sa petite-fille Myriam, qui entend parfois - comme Jeanne d'Arc - des voix venues d'ailleurs, sont à sa recherche. Mais dans ce « bout du monde » qui sert de frontière avec l'Angleterre, les strates du passé ressurgissent et croisent le destin de ceux qui cherchent une nouvelle terre où poser leurs bagages...