VGE
Pourquoi VGE ? Parce que le vent de l'Histoire est passé par la - trente ans déjà que Giscard a quitte l'Élysée et pourtant, son bilan politique reste curieusement en suspens... Incompris, mal jugé, à l'image de son septennat, écrasé entre les très riches heures gaulliennes prolongées en Pompidou et le fol espoir suscité par Mitterrand. Pourtant, son action, indubitablement, restera dans l'histoire politique.
Giscard fut l'un des premiers à comprendre que les Trente Glorieuses touchaient à leur fin et à organiser la transition vers ce qu'il appelait la « croissance douce ». Il a vu venir la crise dans laquelle nous nous débattons encore. Il a fait face aux effets du premier choc pétrolier puis du second, et cela sans que le tissu social ne se déchire. Il a imposé des réformes au plan des moeurs, au risque de s'aliéner une partie de son électorat. À l'extérieur, face aux nouveaux défis économiques, il a « inventé » la mondialisation, esquissant un gouvernement mondial avec le G7 et relançant la construction européenne.
Sous son mandat, la France ne fut jamais ridicule ; pourtant, il n'est jamais parvenu à se faire aimer des Français, et - ironie tragique pour cette immense intelligence -, il n'a jamais vraiment compris pourquoi. Très marqué par son enfance et son milieu, il n'a pas pris la mesure de son irrémédiable différence. On se souvient de lui forçant sa nature pour se rapprocher des Français ordinaires et paraissant a contrario tristement condescendant.
Tragique, VGE l'est aussi par ses funestes choix humains - il promeut Chirac qui le trahira ; par sa volonté farouche de revenir aux affaires après 1981, quitte à briguer d'obscurs mandats locaux ; par l'échec de son ultime combat politique en faveur de la Constitution européenne ; par l'étonnante immaturité affective, enfin, que révèlent ses récentes velléités romanesques... C'est cette double dimension du personnage, sa grandeur et son échec intimement liés, que Georges Valance a voulu explorer. En journaliste passionné d'enquêtes, en biographe soucieux de replacer l'homme dans son époque, il fait revivre cinquante années de vie politique tout en posant un regard neuf et dépassionné sur son personnage.