Vie et mort d'un hôpital psychiatrique : le camarillo hospital
(1936-1996)
Comment faire l'histoire d'un lieu qui demeure dans les mémoires et l'inconscient collectif mais dont on a essayé de faire disparaître toute trace ? C'est ce que cet ouvrage tente de réaliser avec le Camarillo State Mental Hospital, hôpital psychiatrique public californien qui fut l'une des institutions médicales nord-américaines les plus renommées. Ouvert en grande pompe en 1936, sa proximité avec les studios de cinéma de Los Angeles, son cadre accueillant (niché entre des vallées verdoyantes) et ses traitements innovants lui valent une certaine renommée auprès des célébrités (Craig Rice, Charlie Parker...).
L'hôpital accueille aussi de nombreux Européens qui introduisent plusieurs thérapies aux États-Unis : Jacob Frostig, psychiatre polonais, y défend l'insulinothérapie au début des années 1940 et Trudi Schoop (mime suisse fondatrice du mouvement international de « danse thérapie ») y anime des ateliers. L'histoire mouvementée du Camarillo Hospital, ternie par de nombreuses affaires judiciaires, reflète les différentes orientations de la psychiatrie américaine, depuis les traitements corporels jusqu'au behaviorisme des années 1970. Elle illustre aussi les controverses autour de la désinstitutionnalisation psychiatrique, processus politique et économique.
À la fermeture de l'hôpital en 1996, patients et soignants se mobilisent pour conserver vivace la mémoire du lieu. Mais l'hôpital
fait place à une université et les chantiers de démolition sont alors investis par des chasseurs de fantômes attirés par la mauvaise renommée d'un site chargé de souffrances. Le Camarillo Hospital, symbole honteux d'une Californie qui aurait administré de mauvais traitements ? En tout cas, son histoire fait écho aux enjeux de la psychiatrie contemporaine.