Est-ce la vie qui nous quitte ou nous qui la laissons ? Dans les derniers temps
de l'existence, peut-être est-ce bien la seule question qui vaille, la seule option qui reste.
À Londres, le 1er août 1939, dans un geste décisif d'adieu à la vie, Freud renonce
à sa pratique analytique et cesse de recevoir des patients. Ayant accepté enfin
des antalgiques puissants, il décèdera quelques semaines plus tard, à 83 ans.
Lacan reçut également des analysants très tard, alors que les signes avant-coureurs
d'une pathologie très lente étaient à l'oeuvre depuis des années.
Forts nombreux en fait sont les psychanalystes actifs longtemps qui aspirent à «entrer
vivant jusque dans la mort», selon la saisissante expression de Winnicott. Comment
ne pas être frappé par l'enracinement, la persistance et l'âpreté de ce désir à l'oeuvre ?