Une célébration doit être à la fois mémoire et promesse: c'est ce que furent ces Assises d'Arles 2003, les Vingtièmes, consacrées - hommage à d'anciennes circulations et illustration d'échanges bien actuels - aux "Méditerranées" dans leur multiplicité. La note générale est donnée par Hubert Nyssen, qui, retraçant la genèse des Assises en même temps que son propre trajet d'éditeur de littérature étrangère, fait l'éloge de la ville d'Arles et de ce Sud où, homme du Nord, il a fait le choix de s'installer.
Adonis, poète de langue arabe et traducteur de poésie française, Méditerranéen entre tous, place cette édition des Assises sous le signe d'une conception très "existentielle" de la traduction, quand faire effort aux sonorités est encore faire effort au sens.
C'est Ezra Pound, grand Méditerranéen lui aussi, personnage aux choix idéologiques ambigus, poète de la pluralité langagière, traducteur sans peur et non sans reproche que Marie-Claire Pasquier nous présente ensuite, dans un portrait tout en nuances qui rend justice à l'audace du poète et à la perspicacité du théoricien.
Deux jeunes chercheurs, Saber Mansouri et Soumaya Mestiri, racontent comment et pourquoi, trois cents ans avant le Ier millénaire, la dynastie abbasside entreprend de traduire en arabe la philosophie et la science grecques. Il s'agit de s'approprier un héritage humain, qui comprend aussi les traditions perse, chinoise, romaine et égyptienne: autant d'apports qui viennent enrichir la culture arabe dont les intellectuels accomplissent en trois siècles un travail de traduction, de commentaire et de confrontation exceptionnellement fécond.
Une table ronde coordonnée par Richard Jacquemond expose la quête de vérité d'un homme d'aujourd'hui, le romancier égyptien Sonallah Ibrahim, dont les traducteurs unanimes disent l'indépendance, le courage politique et l'écriture novatrice au plus près du réel.
Ce voyage autour de la Méditerranée est complété par une ronde d'ateliers qui emmènent leurs participants au Maroc, en Croatie, en Espagne et en Italie, et, avec un atelier de poésie allemande, dans la Grèce de l'Hyperion d'Hölderlin.
Et les dernières nouvelles du métier de traducteur, présent à chaque étape du déroulement des Assises, nous sont apportées par la table ronde organisée par l'ATLF, où il est beaucoup question du Code des usages pour les auteurs de littérature générale, dont la nouvelle mouture devait être signée avec le Syndicat national de l'édition au Salon du livre 2004: "Auteurs, traducteurs, mêmes combats..."