Prise de la Bastille, exécutions sommaires, massacres de
Septembre, guillotines de 1793-1794... notre imaginaire relie
aujourd'hui indissociablement violence et Révolution, imposant
l'idée d'une Révolution violente par essence.
Avec ce livre, il ne s'agit pas de remettre en question ces faits
de violence mais de s'interroger sur leur nature : la violence
a-t-elle été purement politique, diffusée depuis un pouvoir
central théorisant son usage, comme le veut le mythe de la
Terreur ? Fut-elle à l'inverse purement contingente, dépassant
les acteurs, dépendant des circonstances et donc accidentelle
? Une analyse dépassionnée des faits est nécessaire. Il
convient de redonner aux individus leur place dans les mécanismes
de violence et de ne pas négliger la multiplicité de
formes de la «terreur». La violence politique d'État fait écho à
des pratiques héritées de l'Ancien Régime, s'enracine dans
des sensibilités collectives nouvelles et s'exerce sur fond de
conflits locaux et d'ambitions personnelles.
C'est en s'attachant à toutes ces dimensions que Jean-Clément
Martin entend expliquer les recours à la violence et la
création de la légende noire de la Révolution, véritable mythe
national.