Violence humaine et transcendance de l'amour
Topiques sinaïtiques III
Les récits bibliques ont peu à voir avec « l'Histoire sainte » tant ils contiennent de récits violents, de meurtres, de viols et de guerres sans merci. En contrepoint, le commandement d'amour du prochain énoncé dans le Livre du Lévitique paraît un leurre. Comment expliquer la violence primordiale du Léviathan mentionné dès le Livre de La Genèse ? Comment comprendre cette démesure dévastatrice devant laquelle l'homme paraît démuni, réduit à demander : « Prie pour la paix de l'État, sinon chacun avalerait vivant son voisin » ?
Dans cet univers de heurts que la Bible décrit sans concession, il convient de s'interroger sur les modalités alternatives de l'amour. Un amour vivace et patient, culminant dans Le Cantique des Cantiques. Un tel amour est le plus sûr critère de l'intervention prophétique dans ses admonestations apparemment les plus brutales. C'est en son nom que le Prophète sinaïtique partage les épreuves du peuple devenu sourd, au lieu de s'en réjouir au titre du « Je vous l'avais bien dit ! ». Et c'est ce même amour qui confère son sens profond à l'espérance messianique depuis que l'humain, expulsé du Jardin d'Éden, sait qu'il lui faut trouver en lui-même les issues à toute désespérance.