Le rôle majeur joué par Virginia Woolf dans la littérature anglaise des années vingt et trente n'est plus à démontrer. On sait combien Mrs Dalloway, La Promenade au phare, Les Vagues, contribuèrent à faire émerger une écriture de la modernité, une langue mouvante, habile, suspendue à la frontière de la prose et de la poésie, lovée au plus intime de la conscience. Dans l'ombre de ces romans, le reste de son œuvre foisonnante reste encore mal connu. Les écrits politiques de Woolf, ses nouvelles, ses essais, sa correspondance permettent cependant de voir un imaginaire littéraire et politique à l'œuvre. De même, alors que la critique tendit précédemment à privilégier les enjeux formels et phénoménologiques de l'écriture poétique de Woolf, des études récentes ont exploré ses liens avec son contexte épistémologique et politique, les échos intertextuels ou inter-esthétiques qui s'y font entendre. Le volume d'articles réunis ici se propose de faire le point sur ces perspectives formelles et théoriques. Il est le fruit des travaux du Colloque de Cerisy qui se tint en 2001 sur l'œuvre de la romancière. En choisissant d'interroger les notions de « pur » et d'« impur » – notions qui font souvent retour sous la plume de la romancière – les auteurs proposent d'ouvrir un dialogue entre les textes les plus canoniques et le reste de l'œuvre jugé longtemps mineur ou « impur » mais aussi entre des approches critiques multiples (génétique, psychanalyse, épistémologie... ), toutes mises au défi par un univers littéraire paradoxal qui résiste à la synthèse et à la clôture.