L'insécurité fait l'objet de discours et de mesures répressives sans que ses causes soient expliquées. Or, c'est plutôt d'insécurité sociale que souffrent nos sociétés européennes, avec le développement massif et durable du nombre de salariés pauvres.
C'est ce phénomène que ce livre remet au premier plan. Il est issu d'un travail regroupant des chercheurs engagés et des militants associatifs dans quatre pays. Il met en évidence la grande similitude des conditions de vie des chômeurs malgré les différences entre les systèmes nationaux de protection sociale.
Les chômeurs d'Europe voient leurs allocations fondre comme neige au soleil et deviennent rapidement des «assistés», tout simplement parce que les patronats d'Europe non seulement licencient à tour de bras, mais font pression pour diminuer les cotisations sociales qui assurent les salariés contre la perte de leur emploi. Les «minima sociaux» ne permettent pas de vivre. Les contraintes qu'on inflige aux chômeurs, comme s'ils étaient responsables de leur licenciement, changent la nature de l'allocation de chômage: d'une compensation pour perte d'emploi, elle devient une aide conditionnée par les obligations à remplir. Catherine Lévy est sociologue, ingénieur au laboratoire du CNRS Georges-Friedmann.