En cessant de se soumettre à l’injonction ancestrale de la Poétique, la peinture se libère pour sa véritable puissance. En cette révolution, elle s’affirme peinture. Elle renonce enfin au désir qui la vouait à figurer, à représenter ou encore à exprimer, tout ce en quoi elle se niait. Abstraite, la peinture se définit par l’?exigence strictement picturale : celle de la construction d’un visible pur, délivré de l’image et du sens. Quand elle n’?est plus production de «?tableaux?», qu’?est donc la peinture?? Que donne-t-elle à voir?? N’?est-ce pas l’infinité libre de l’?espace, l’immensité de la couleur pure ou encore l’intensité du visible?? Suffit-il cependant que ce visible, dans les œuvres de Malevitch, Klein ou Soulages, vienne à nous pour que nous parvenions – dans l’?émotion et la réflexion – à l’accueillir?? L’art pictural exige encore la libération du regard. Élucider la puissance de l’abstraction, tel est l’?objet de ce livre.