Ce livre n’est pas un nouveau précis d’économie sur la rente : il utilise cette notion pour étudier les trajectoires africaines de développement et sonder leurs possibilités de changement. Les rentes sont ici définies comme des flux de ressources déconnectées des activités productives. Elles reflètent l’histoire tragique de la connexion de l’Afrique au système mondial : de la traite esclavagiste aux ressources extractives, qui fondent la croyance en une « malédiction des ressources naturelles », en passant par l’aide extérieure ou les remises migratoires, les systèmes économiques rentiers scellent les relations asymétriques entre territoires africains et acteurs extérieurs autant que le divorce entre intérêt des élites et population. Enracinés dans l’histoire, ils se sont étoffés et diversifiés depuis la fin du xxe siècle, au point d’apparaître comme un fait de structure, le nœud gordien du sous-développement. La géographie des rentes est une géographie politique. Par ce « voyage » à travers des situations rentières aux implications différentes. qui conduit le lecteur le plus souvent en Afrique de l’Ouest et du centre, l’auteur interroge les espaces de bifurcation associés à une double révolution, où réside l’essentiel du potentiel d’émergence africain, la première est démographique et urbaine, liée à l’explosion de la population et des villes, qui crée des conditions favorables à l’essor de marchés intérieurs, la seconde est polilico-économique ; elle tient à lu négociation progressive de nouvelles conditions de production et d’investissement des rentes, notamment extractives. Sa valorisation suppose l’invention de modèles de gouvernance plus efficaces et démocratique.