La démarche de ce livre sort de l'ordinaire. Tout d'abord, il dessine les itinéraires de Norbert Rouland et de Jean Benoist, qui confluent vers l'anthropologie ; le premier, à partir du droit, le second venant de la médecine. Ils se situent donc aux lisières de leurs disciplines d'origine, portant sur elles un regard à la fois intérieur et éloigné. Ils nous font partager leurs doutes, leurs certitudes et leurs interrogations. Pour l'essentiel, leurs points de vue convergent. Il leur arrive aussi de différer, ce qu'ils ne cherchent pas à masquer ou éluder. Cela de manière très vivante, puisque la forme choisie est celle d'entretiens, où Jean Benoist questionne Norbert Rouland.
Mais cet ouvrage présente une autre originalité, inhabituelle dans les écrits universitaires. Il montre la subjectivité des choix théoriques du chercheur, et la manière dont les événements de sa vie privée influent sur sa production scientifique. Ces aspects sont en général celés au lecteur. Norbert Rouland a décidé de transgresser cette habitude. Il nous livre les motivations personnelles qui l'ont guidé du droit vers l'anthropologie. Cette franchise donne un caractère humain et souvent émouvant à sa démarche scientifique.