L'oeuvre à la fois puissante et discrète de Jean-Paul Kauffmann a été profondément marquée par la cruelle épreuve de trois années de détention au Liban. « J'écris pour faire disparaître ma condition d'ex-otage et en même temps je ne veux pas qu'on l'oublie », confie-t-il dans une longue préface inédite où il revient sur l'histoire d'une délivrance, le passage crucial du journalisme à la littérature.
Les textes ici rassemblées constituent la majeure partie de son oeuvre. Autant d'étapes d'une longue exploration au rythme lent et réparateur, imprégnées par une même quête de l'ailleurs, une même fascination de l'exil, des univers enfouis et disparus. À cet ensemble s'ajoute son premier texte, Le Bordeaux retrouvé, édité hors commerce peu après sa libération et révélé pour la première fois au grand public, où l'auteur, à peine sorti du dénuement absolu, conjure le chaos de sa captivité par la métaphore du vin.
L'écriture ciselée de Jean-Paul Kauffmann emmène le lecteur sur ces zones limites que sont les bords reculés du monde, les territoires lisières, les fleuves irrigués par la mémoire des plus grands auteurs, les plaines hantées par les fantômes des batailles d'Empire. L'écrivain y retrouve le chemin, ponctué de rencontres, qui le conduit vers les lieux du retour, au coeur de ses paysages de prédilection. Odyssée de la redécouverte, de l'exhumation des sources, qui doit sa magie particulière à la grâce et la sensibilité d'un grand styliste.