«Pas de boycott ! Pas la honte du boycott !», s'écria, début
2003, un Bernard Henry Lévy indigné de ce qu'il considérait, à tort,
comme un boycott des universités israéliennes par l'université
Paris VI. De façon assez récurrente, on observe une tendance à
assimiler ce mot de «boycott» au boycott nazi des magasins juifs,
décrété notamment pour la journée du 1er avril 1933. Il y a là une
façon de disqualifier dès le départ, et sans débat, différents
mouvements visant à remettre en cause l'ordre dominant, qu'il soit
économique ou politique. Le «boycott» est donc, comme le thème
de «la prise en otage» resservi à chaque grève des transports, un
des mots préférés des défenseurs médiatiques de «la révolution
conservatrice».
Sans occulter l'épisode tragique du 1er avril 1933, qui a sa place
dans cet essai, l'histoire montre pourtant à quel point ce terme de
«boycott» est invariablement lié au sort de peuples en lutte : aux
mouvements anti-coloniaux, de l'Irlande - où il est officiellement né
- à l'Inde du Mahatma Gandhi, en passant par la Birmanie des
années 1920, puis par la lutte contre l'apartheid sud-africain,
également analysé ici.
Dans le deuxième volume de cet essai sont étudiés des
phénomènes de boycotts plus récents, ayant éclaté depuis
l'avènement d'une mondialisation pas «heureuse» pour tout le
monde.