L'oeuvre abondante et multiple d'Hergé n'avait jamais été présentée dans sa globalité. Le parti pris chronologique restitue fidèlement ce qui fut le quotidien de l'artiste, une aventure en soi. Il permet, de plus, de tisser entre les différentes productions d'Hergé des liens qui n'étaient jamais apparus jusqu'à présent: sources ou parentés d'inspiration, influences stylistiques, évolution du graphisme, rejaillissement d'un travail sur l'autre, espoirs et limites de la technique, convergences de thèmes, ruptures accidentelles ou délibérées, émergence d'un moyen d'expression.
Le dessin d'Hergé est prioritairement mis en valeur. Le commentaire de Philippe Goddin concis, éclairant, présente les oeuvres en se nourrissant d'éléments biographiques ou documentaires. L'auteur n'a pas manqué de remonter toutes les pistes, dont certaines totalement inexplorées. Il a découvert des aspects méconnus et a retrouvé des dessins inédits ou oubliés dont beaucoup sont publiés ici pour la première fois.
De Tintin au pays de l'or noir (1939) au Trésor de Rackham le Rouge (1943), Hergé entraîne le lecteur loin des réalités quotidiennes en cette période troublée. Dès lors, le succès de Tintin croît significativement. À côté des nouveautés, où apparaissent Haddock et Tournesol, il adapte les épisodes précédents pour la couleur, donne des prolongements variés à son oeuvre (produits dérivés, adaptations théâtrales) et l'ouvre au marché néerlandophone. À trente-six ans, maître de son art, il va modifier radicalement sa méthode de travail.