Éclaireuse hors pair, Anna Moi déchiffre et aus-culte pour nous les signes de piste d'une langue absconse. Aucune barrière de la langue ne résiste à son coupe coupe.
Une langue viêt tonale où une intonation mal placée modifie radicalement le sens du propos, ce qui donne lieu à des quiproquos cocasses. Sans entrainement phonétique, les touristes qui cherchent la gare de Tam Ký (ga Tam Ký) peuvent s'entendre répondre : « Vous voulez quoi ? Un poulet de huit kilos (gà tám ký) ? » Comédie des erreurs assurée pour l'étranger faisant l'apprentissage ardu du vietnamien.
Jamais fastidieuse, Anna Moi la passeuse de cultures sélectionne un mot vietnamien, le coupe en rondelles et le fait parler. Avec elle, ces mots se mettent à table et crachent le morceau. Quatre-vingt mots du vietnamien passent au billard pour qu'on arpente l'Annam en palanquin de mandarin, sans décalage horaire, ni chaleur excessive.
Chaque mot est un paysage qu'elle décrypte. (Extraits de la préface de Marcelíno Tru'o'ng Lực)