«De sa rencontre avec les choses et les gens, les formes et
les couleurs, les modes et les écritures, le peintre tire toute ses
images.
L'art de peindre se double exactement d'un art de vivre.
Comment ne pas penser que les moindres choses auxquelles il
prête attention ne participent à son oeuvre ?
Je souhaite noter ici quelques-uns des petits événements
qui ont nourri en leur temps mon bonheur ou mon chagrin de
vivre.»
À quatre-vingts ans, Jean Hélion (1904-1987), atteint de
cécité, entreprend de dicter ses mémoires.
Dans À perte de rue, Jean Hélion fait le récit de son aventure
picturale, depuis la foire aux croûtes de Montmartre
jusqu'aux oeuvres ultimes des années quatre-vingt, en passant
par l'abstraction et son appartenance aux groupes «Art
Concret» et «Abstraction-Création». Rendant compte de ce
que l'on nomme encore parfois une trahison, il fait part de
son attachement à la figure et de son face à face avec l'abstraction,
refusant de leur accorder la moindre disparité.
Dans Choses revues, il nomme les rencontres, les chances et
les malchances qui l'ont conduit dans sa carrière d'artiste. Il
fait notamment le récit de sa captivité en Poméranie lors de la
seconde guerre mondiale et de son évasion en 1942.