Deux colonnes pour exposer la Correspondance d'Abélard et
Héloïse. Deux vitrines.
À gauche, une traduction française, inédite : elle recourt au
présent de l'indicatif pour souligner l'actualité du drame et nous
rapprocher des deux héros de l'amour abîmé. Fidèle au texte latin,
imprimé pour la première fois en 1616 et mis en vis-à-vis, dans
la colonne de droite, la version proposée se prend au rythme de
la phrase latine.
L'homme, philosophe, entreprend la tâche difficile de s'accuser
d'un crime tout en s'en disculpant insidueusement. Il cache ce
qu'il n'ose avouer en nous proposant d'écouter ce qu'il ne veut
pas dire. La rudesse des temps l'y contraint.
Le latin de la femme, qu'on dit plus admirable encore que celui de
son interlocuteur, montre qu'elle a vite compris ce qu'elle ne peut
admettre : la victime est seule coupable.
Ces échanges épistolaires nous aident à mieux distinguer les composantes
fondamentales de l'amour, si difficiles à disséquer.