Adam, Ève et Brid'oison
Adam, Eve et Brid'oison (1918) n'est ni un roman, ni un essai, pas tout à fait un pamphlet. Ce sont des pages « vouées à l'affranchissement de la femme ». C'est une oeuvre militante que nous propose Paul Margueritte (1860-1918) : « Ne servant aucun parti et n'écrivant que pour les esprits noblement libérés, je me résigne aux attaques injustes ». Le ton est donné. En opposition avec la représentation mythique d'Adam et Ève, « tout ce qui fleurit en nous de libre et de naturel », se trouve la société qui s'incarne en Brid'oison : l'« oison bridé » à qui l'on a passé une plume dans le bec pour l'empêcher de franchir les clôtures et les haies. Le titre annonce à lui tout seul une intention vive de critiquer « le dogmatisme des moeurs, de l'opinion, des lois » qui répand une image désastreuse des femmes et en fait une personne inférieure. Si les enjeux sont différents un siècle plus tard, le texte conserve une tonalité résolument moderne et trouve aujourd'hui encore une résonance particulière.