Ainsi je suis venue
Les colons blancs rapportaient dans toute la région que les diables rouges tuaient leur bétail, et ce mensonge esquissa la piste qu'allait tracer, de colline en colline, de vallée en vallée, le sang de mon peuple.
Née vers 1844 parmi les Paiutes du Nord dans le Nevada actuel, Sarah Winnemucca a connu toutes les affres de la conquête de l'Ouest. L'insoutenable pression des colons blancs, les massacres, famines et spoliations foncières, les bouleversements sociaux, politiques, écologiques, tragiques de cette période de feu, de poussière et de sang.
Pourtant, au beau milieu de ces tempêtes, elle s'est engagée dans un militantisme ardent en faveur d'une paix improbable entre les peuples. Personnage controversé, elle s'est ainsi trouvée aussi bien éclaireuse pour l'armée américaine sur le champ de bataille qu'oratrice passionnée dans les villes de l'Est en défense de tous les « Indiens ».
Son autobiographie, la première jamais rédigée par une Amérindienne, témoigne d'une existence intense au moins aussi fascinante que celle de la célèbre Calamity Jane.