André Gide a voué à la littérature un culte auquel contribuent ses oeuvres, mais aussi celles des autres, de Goethe et de Shakespeare, comme de Tagore et de Conrad. Les lire d'abord, les traduire ensuite devient pour lui un devoir : il est peu d'écrivains qui aient consacré autant de temps au service de leurs confrères. Ce faisant, Gide cherche à atteindre, plus que la simple équivalence du sens des textes, leur spécificité esthétique qu'il pense pouvoir exprimer idéalement, selon ses propres exigences stylistiques. Écrivain au service d'autres écrivains, il a ainsi accompli une oeuvre généreuse, mais personnelle, parfois infidèle, qui mérite l'admiration mais permet aussi la critique, invitant à une réflexion plus générale sur l'art de la traduction.