Dans ces approches de l'art moderne, qui forment aux yeux de l'auteur une galerie fabuleuse, on trouvera des portraits de peintres, de sculpteurs, mais aussi de plasticiens composant des poèmes, de poètes tentés, voire tourmentés, par l'expression picturale qu'ils considèrent comme un prolongement de leur « cri écrit », pour reprendre un titre de l'un d'entre eux, Jean Cocteau. « Moi aussi je suis peintre ! », s'exclamait déjà Apollinaire au seuil de ses Calligrammes, dessins réalisés avec pour matière première les mots.
À partir du surréalisme, chaque artiste se veut un aventurier de l'esprit à l'affût, non de la beauté, mais de quelque illumination extrême s'achevant en désintégration. Hiroshima est partout dans les têtes, au même titre que l'holocauste. La folie, le suicide, l'overdose éblouissante demeurent des éléments incontournables de la quête. Chacun tend au flash, au satori mystique, à la fusion avec le Rien primordial. C'est ce que Bataille nomme « l'expérience intérieure » et Michaux la « connaissance par les gouffres ».
Les femmes - jadis « muses », maîtresses ou esclaves - deviennent des artistes à part entière. En témoignent les chefs-d'oeuvre de Remedios Varo, de Kay Sage et de Leonora Carrington, qui administrent la preuve éclatante de la percée triomphale des créatrices enfin sorties de leur ghetto.