« Pour comprendre pourquoi les fantômes de l'esclavage hantent encore nos sociétés, nous devons non seulement examiner ce que fut l'esclavage, mais aussi la manière inachevée dont il a pris fin. »
Suivant cette intuition forte, l'historien Kris Manjapra examine dans un essai important comment les esclaves africains ont été dépossédés par les mouvements mêmes qui étaient censés les libérer. Selon lui, en se préoccupant seulement de la question des abolitions et non de leur mise en oeuvre, les historiens ne racontent que la moitié de l'histoire. Grâce à un travail de première main, l'auteur analyse les politiques établies en Europe et aux Amériques, qui dédommagent les planteurs plutôt que les affranchis ou, comme en Haïti, qui imposent le fardeau de la dette pour prix de la liberté. L'historien insiste sur la façon dont les esclaves, loin de rester passifs, ont pris en main leur destinée et travaillé à leur propre libération. La question si sensible des réparations est au coeur de ce livre en quête de justice.