Quels furent le devenir et le destin d'Aristote et de Plotin au sein de la
philosophie arabe ? Le présent ouvrage se propose de répondre à cette
question en envisageant, en un premier temps, la postérité médiévale arabe
de la noétique et de la logique aristotéliciennes pour étudier, par la suite, la
réception médiévale arabe de la cosmologie et de la spiritualité plotiniennes.
Les traducteurs, les commentateurs et les philosophes arabes du Moyen
Age ont-ils été en mesure de prolonger adéquatement la théorie aristotélicienne
de l'intellection et du jugement telle qu'elle se trouve développée par Aristote
dans le De anima ou ont-ils été amenés à déformer la philosophie du Stagirite ?
La pseudo-Théologie d'Aristote, qui est faussement attribuée à Aristote et
qui est une paraphrase arabe des trois dernières Ennéades de Plotin, a-t-elle
compris correctement la cosmologie de Plotin ou a-t-elle eu plutôt tendance
à tirer cette cosmologie dans le sens du créationnisme monothéiste ? Par
ailleurs, la philosophie d'Al-Farâbî a-t-elle interprété fidèlement la spiritualité
de Plotin et sa conception de l'âme dans ses relations au divin ?
Telles sont principalement les questions auxquelles il faudra répondre afin
d'être en mesure de déceler les prolongements et les mutations, les continuités
et les ruptures qui unissent et séparent Aristote et Plotin de leurs interprètes
arabes. Le lecteur pourra ainsi apprécier les enjeux philosophiques et
métaphysiques de cette confrontation.