Ingénieur-adjoint des Ponts et Chaussées, atteint d’une invalidité qui deviendra source de troubles psychiatriques, Jean Perdrizet (1907-1975) a créé toute sa vie durant un monde imaginaire et une utopie salvatrice dans l’isolement, en dessinant des plans richement annotés de robots et de machines volantes, échos aux grandes questions sur la vie extraterrestre, la pensée artificielle, la conquête spatiale, la guerre nucléaire, la communication, la cybernétique, l’imagination, le mouvement, la conscience ou encore la vie après la mort.
Cette œuvre, qui cotoie dès la fin des années 1950 le nouveau monde de l’art brut – avec Jean Dubuffet –, se laisse approcher, tout en dévoilant par sa transparence ce qu’elle est, entre art et invention technique, en marge de la science, traduction d’une société à la fois ébahie et angoissée par le progrès scientifique et technique. À travers une enquête historique de l’ensemble des œuvres connues de Jean Perdrizet et de ses archives, l’auteur livre par l’étude des détails des dessins centimètre par centimètre une image étonnante du XXe siècle, sa reconstruction par la nécessité d’un seul homme qui l’éclaire d’un nouveau jour, tout en interrogeant l’art brut, et plus largement l’Homme.