Art public et projet urbain Brest, 1970-2000
Une vague de morosité s'abattit sur les villes françaises au cours des années 1970. En fait, depuis dix ans déjà, l'incertitude avait gagne les milieux de l'architecture et de l'urbanisme, laissant désempares ceux qui s étaient rallies d'enthousiasme au Mouvement moderne et constataient brutalement que ses charmes s'étiolaient. Les vieilles villes y trouvèrent une Rédemption. Mais cette brutale révision doctrinale, qui glorifiait la longue durée et proclamait que l'histoire garantissait l'avenir, compliquait évidemment la tâche de ceux qui ne pouvaient s'en prévaloir.
Elle rendait spécialement angoissante la situation des villes qui avaient connu une brutale interruption de leur destinée et qu'il avait fallu reconstruire. Déjà, pour d'obscures raisons, leur souvenir était remise dans la médiocre catégorie des réalisations de l'urgence, dépourvues d'inspiration et de ressources. Elles rencontraient même la défiance de leurs habitants taraudes par la nostalgie ou le regret, et la critique des spécialistes dépites que leur relèvement n'eut manifeste plus d'audace. Pourtant, ces villes sans mente apparent constituaient un remarquable laboratoire pour interroger les raisons mêmes de l'urbain et leur relation au passe. Surtout, leur incapacité hâtivement proclamée à offrir des conditions propices al épanouissement d'un espace public satisfaisant rejoignait actualité d'une question qui ne pouvait espérer un plus vaste champ d'élucidation Brest fut alors pionnière.
On y conduisit des recherches originales ponctuées d'hypothèses qui justifièrent des expérimentations inédites et a très grande échelle. La plus ambitieuse d'entre eues, la plus spectaculaire et la plus commentée, la plus polémique aussi, mit a contribution des artistes parmi les plus en vue de l'époque ou a l'aube de leur oeuvre invites ou surgis spontanément. Bien loin en l'occurrence du rôle « d'enlumineurs » de la ville qu'on leur concédait parfois, ils furent promus acteurs principaux de sa transfiguration morale. À la reconstruction architecturale jugée responsable de bien des maux réels ou psychosomatiques, on opposait ainsi une « reconstruction mentale », capable pensait-on d'apporter un supplément d'âme et de conduire a l'apaisement.
En relatant et commentant les trois décennies de cette saga brestoise l'intention est bien d'éclairer quelques questions universelles, auxquelles l'urbanisme se trouve confronte, et d'apprécier le secours que l'art et les artistes peuvent lui apporter.