Les sauveteurs en mer
« Allô, Pierre Loti, allô Pierre Loti, venez vite, je vous en supplie, dépêchez-vous », répétait une voix d'enfant dans la radio du bord. Cette voix qui n'en finit pas d'appeler sur une mer déchaînée, Henri n'est pas près de l'oublier. [...] La tornade frappe les Landes et le Pays basque. Toutes les stations du littoral, Cap-Ferret, Arcachon, Soustons, Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, sont en alerte.
Le Pierre Loti prend la mer et sa première intervention est pour le voilier Margar, d'où une petite fille lance cet appel déchirant : voiles lacérées, trois personnes malades à bord. Seule et avec un cran étonnant, la petite fille fait face. Elle connaît le canot de sauvetage de Saint-Jean-de-Luz et son nom pour l'avoir souvent vu dans le port. Malgré la mer énorme, le Pierre Loti fonce vers le point d'appel. Les canotiers sont muets ; ils ont connu bien des sorties, mais rarement aussi difficiles que celle-ci. Impossible d'approcher le bateau sans dégât, alors Tony se jette à l'eau avec l'aussière. Les plongeurs du Pierre Loti passent leur remorque. Au fil des minutes, et malgré la violence du coup de vent, chacun reprend alors confiance. Le Pierre Loti conduit le Margar et ses quatre rescapés au port. Une petite fille essuie enfin des larmes au goût de sel... Elle n'avait pas oublié ces hommes qu'elle avait croisés sur les quais, ces hommes en chandail bleu marine brodé de quatre lettres blanches : SNSM.