En voyeur ironique et gourmand qui s'est choisi la position d'artiste pour poste d'observation et d'interrogation du monde, Jean-Claude Schauenberg déroule sa vie de peintre, d'inguérissable contestataire et d'éternel émerveillé par les spectacles de la planète. Au fil d'une conversation menée par Françoise Jaunin, il rappelle l'utopie frondeuse et généreuse du groupe Impact cofondé en 1968 avec Jean Scheurer et Henri Barbier. Guérilleros romantiques et joyeux, le trio et ses émules s'attachaient à renverser les valeurs trop bien établies, amener l'art dans la rue et le faire coïncider avec la vie.
Puis Jean-Claude Schauenberg retrace le parcours de son oeuvre qui allie une composante conceptuelle à une sensibilité et une sensualité de peintre. Au milieu des années 1960, il propose une héraldique pop de la vie moderne en détournant les signalétiques et les objets du monde contemporain. Suivent ses tableaux tramés ou chiffrés qui renvoient à notre monde ultra codé, tandis que sur les façades et dans les cours d'école, il introduit des trompe-l'oeil, des décalages narquois et autres changements d'échelle. Depuis les années 1990 qui affirment son intérêt prioritaire pour le paysage et sa fascination pour les images fractales et les vertiges micro ou macroscopiques, il fait de ses voyages dans le monde des voyages en peinture. Le Caire, Téhéran, Palerme, Bruxelles, Naples... lui inspirent des cartographies poétiques faites d'indices et de fragments prélevés sur place puis réinterprétés et déclinés par suites et séries.