Une ethnologue chez les humanitaires, non pour les aider à mieux
comprendre les populations, mais pour les étudier, eux, de l'intérieur.
Voilà l'objet premier de ce livre. Pour cela, l'auteur a travaillé,
pendant plus de dix ans, au sein d'une organisation internationale
d'aide humanitaire et de développement, tant à New York et
à Genève qu'en Asie centrale et en Transcaucasie post-soviétiques.
Plongée au coeur de l'arène, elle en a décrypté les enjeux, les lignes
de force et les tensions. L'ouvrage présente les principaux résultats
de ce travail : une réflexion sur l'anthropologie de l'aide humanitaire
et du développement, et des pistes pour son renouvellement théorique
et méthodologique.
Elle éclaire aussi d'un jour nouveau l'envers des supposées révolutions
«spontanées» qui ont ébranlé les anciennes provinces de
l'Union soviétique, concrétisant, certes, leurs aspirations démocratiques,
mais dont les conditions ont été préparées de longue date. Dès la
fin de l'URSS, les agences d'aide humanitaire et de développement
ont massivement aidé à la création puis au renforcement des ONG
locales, pour un large éventail d'actions (éducation, défense de la
biodiversité, prévention de l'épidémie de VIH/SIDA - située au
coeur de l'ouvrage) qui s'inscrivent dans une ligne d'approche commune
: la construction d'une morale partagée.
Cette analyse, de première publication en 2005, traduite notamment
en anglais, est proposée ici dans une version actualisée.