«Ici se brouillent le symbolique et l'imaginaire qu'aucune théorie ne vient démêler. D'où l'examen minutieux de certains des plus grands textes de la psychanalyse par Derrida qui évoque l'invention de l'Autre comme une initiative absolue dont l'autre est responsable et qui lui revient.
Comment n'être pas sensible à la présence continuelle d'une éthique, d'une morale en action chez ce philosophe qui s'est attaché à penser le retour à la démocratie de l'Afrique du Sud ou les lois de l'hospitalité, le sacrifice d'Abraham ou la religion ? L'un des impératifs catégoriques qu'il met en avant est évidemment le principe de responsabilité. Il faut répondre à l'Autre, devant l'Autre et de soi. Et point de responsabilité sans foi jurée, sans gage, sans serment.»
«Par secret, mot d'origine latine qui dit d'abord la séparation, la dissociation, on traduit un peu abusivement d'autres sémantiques qui s'orientent plutôt vers l'intériorité de la maison (Geheimnis) ou, en grec, la dissimulation cryptique ou hermétique. Tout cela requiert donc des analyses lentes et prudentes. Puisque l'enjeu politique est si brûlant, et plus que jamais aujourd'hui, avec les progrès de la technologie policière ou militaire, avec tous les problèmes nouveaux de la cryptographie, la question de la littérature redevient aussi plus grave. L'institution de la littérature reconnaît, en principe ou par essence, le droit de tout dire ou de ne pas dire en disant, donc le droit au secret affiché. La littérature est libre. Elle devrait l'être. Sa liberté est aussi celle que promet une démocratie.»
Jacques Derrida