Au gré du destrier.
La Romance de Chérubin
De Beaumarchais à Mozart
La Romance du Petit Page. C'est sous ce titre que circulent, plusieurs mois avant la première du Mariage de Figaro en 1784, huit couplets à chanter sur le timbre satirique de Malbrough s'en va-t-en guerre. Comme le Voi che sapete de Mozart et Da Ponte dans Le Nozze di Figaro, l'air de Chérubin entre pour beaucoup dans le succès de Beaumarchais, alors que sa tonalité dissonante, la tristesse mêlée qui s'en dégage tranchent avec les dialogues étincelants de la comédie. Dans un tableau touchant qui reproduit une toile de Carie Van Loo, le page endiablé chante la romance à sa belle marraine, la comtesse Almaviva. La poésie évanescente de cette romance et sa grâce toute mélancolique, à laquelle Péguy se montrera sensible, révèlent un Beaumarchais inattendu et déroutant, qui mêle les ressources du théâtre, de la poésie, de la musique et de la peinture. C'est cette voix si singulière que cette étude se propose de faire entendre, à qui voudra prêter l'oreille...
La beauté d'un texte s'éprouve, c'est une aventure dont la jouissance tient à la magie du style. Cette collection se réfère à Léo Spitzer, l'auteur d'Études de style, dont la critique se réclame d'une lecture obstinée et confiante de l'oeuvre.
Un auteur (critique littéraire ou non) analyse une pièce d'étude, poème ou court chapitre, qu'il a goûtée avec passion. Il revient sur cette expérience et mène l'enquête, il interroge les mots, le rythme, la musicalité de la phrase, de la syntaxe ; il tente de déchiffrer l'énigme d'un style porté à incandescence.