Grenouille et crapaud forment, selon l'opinion de la majorité des occidentaux, un couple ; la grenouille étant appréhendée comme la femelle du crapaud. Ces animaux font ainsi l'objet de multiples traditions, croyances et utilisations qui reflètent un état de connaissance d'origine populaire, particulièrement révélateur et instructif en ce qui concerne l'histoire des mentalités, l'évolution entre l'homme et l'animal. Animaux chtoniens, ils entretiennent des relations avec les éléments et se situent toujours entre le sec et l'humide, le caché et le visible. Intervenant dans les cycles cérémoniels, qui suivent de près l'ordre des saisons et du travail, ils sont recherchés à certains moments clés, alors qu'ils sont chassés à d'autres périodes. <>, l'homme est souvent confronté à ces deux batraciens. De même qu'ils nuisent ou qu'ils tuent, ils secourent et guérissent. Provoquant tour à tour attirance et répulsion, ces animaux ambivalents restent chargés des mystères de leur évolution biologique. Se présentant comme mystérieux, ces êtres demeurent à la fois objet de respect et de crainte car ils se situent dans un espace intermédiaire, entre le monde des morts et celui des vivants. Cependant, le crapaud se voit investi d'une dimension supplémentaire. Etant un veilleur de marge, il n'évolue plus seulement dans le domaine de l'ambivalence, mais se place ailleurs, au-delà, dans le monde de l'équivoque. Introduit dans le domaine du sacré, il devient un intercesseur. Et de part sa sacralité, ne représente-t-il pas la concentration à la fois de tout ce qui menace et sauve l'homme ?