Dès le milieu du XIIe siècle, une lente imprégnation du tissu régional par les éléments gothiques marque les nouveaux chantiers avant un élan encore plus décisif à la suite du chantier épiscopal clermontois dans la deuxième moitié du XIIIe siècle et au XIVe siècle. Le répertoire des formes mises en oeuvre par Jean Deschamps à la cathédrale de Clermont est exploité et l'art flamboyant se substituera ensuite lentement à cet art rayonnant qui perdure dans une région de la France moyenne où se croisent les influences. Les leçons venues du nord et de l'ouest sont confrontées au « gothique méridional » dont il faut peut-être relativiser l'importance.
Au cours de ces siècles gothiques, l'art de bâtir est pratiqué de façon intensive : cathédrales de Clermont-Ferrand et de Saint-Flour, abbatiales d'Ébreuil ou de La Chaise-Dieu sous l'égide du pape Clément VI, collégiales d'Aigueperse ou de Moulins, vastes églises-halles à Billom, au Puy ou à Ambert, nefs uniques à Montferrand ou Aurillac, Saintes-Chapelles à Riom ou Aigueperse, églises paroissiales dans le Livradois ou le Cantal.
L'architecture gothique dans les églises en Auvergne, Bourbonnais et Velay est encore une extraordinaire aventure humaine à laquelle participent aussi bien les bénédictins que les ordres mendiants, des chanoines que des prélats, de modestes paroissiens que des mécènes comme le duc Jean de Berry ou les Bourbons. Et la peinture murale conservée çà et là trahit les sentiments les plus intimes de ces hommes et de ces femmes comme la crainte de la mort. Leurs fantasmes ont peut-être inspiré enfin les étranges culots en encorbellement pérennisant le travail des sculpteurs des chapiteaux romans.