Aux origines du populisme
Histoire du boulangisme (1886-1891)
Le boulangisme naît de la rencontre entre la droite monarchiste et l'extrême gauche radicale, unies derrière un général puis ministre rendu populaire par sa démagogie pittoresque, Georges Boulanger. Ce mouvement hétérogène et populiste, protestataire et antiparlementaire, menace sérieusement la Troisième République avant de s'effondrer.
Cette période agitée de la fin du XIXe siècle présente d'étranges ressemblances avec la nôtre : une situation de grande défiance de la base envers les élites, une conjoncture économique incertaine, une vive contestation du système dominant par ses exclus, des partis politiques divisés et paraissant impuissants. Le boulangisme lui-même s'avère plein d'enseignements sur l'efficacité de la démagogie, le pouvoir pervers de la communication politique quand la forme efface le fond, l'ascension aberrante d'un individu sans principes poussé par un clan d'arrivistes, le rôle ravageur de l'argent dans la politique et l'effet aveuglant de la haine pour un homme (Jules Ferry en l'occurrence), la puissance des médias, les alliances de fait entre opposants qui se détestent, enfin la faiblesse de la démocratie face à ses adversaires.
Bertrand Joly reconsidère dans cette enquête magistrale et monumentale la question très controversée de l'identité du boulangisme, bonapartiste pour les uns, préfasciste pour d'autres, et peut-être plus que tout cela. Un premier populisme nationaliste ?