« Revenant à ma table de travail, je m'efforce de tracer le plan du livre auquel je rêve depuis longtemps et dans lequel je pourrais proposer, en guise de bilan d'une existence vouée à la recherche, une réflexion sur l'histoire des instruments de connaissance et des systèmes de communication au sein de nos sociétés européennes, afin de comprendre et d'expliquer leurs évolutions et leurs mutations psychologiques [...]. D'où la nécessité de réfléchir sur les origines et les caractères propres de l'homme. Comment l'espèce humaine s'est-elle dégagée de son environnement ? Qu'est-ce qui distingue Homo sapiens des autres vivants ? De quels instruments dispose-t-il pour appréhender l'univers ? Comment fonctionne sa pensée et comment s'exprime-t-elle ? Pourquoi organisa-t-il sa vie au sein de sociétés structurées et comment évoluèrent-elles à mesure que s'accumulaient ses acquis conceptuels ? Comment expliquer le dynamisme qui l'incite à chercher à progresser sans cesse en de continuelles explorations ? Et d'où vient son incroyable capacité à comprendre les mécanismes de la nature et à en réaliser des simulations ? »
Achevée peu de temps avant la disparition d'Henri-Jean Martin, cette grande synthèse, à l'érudition surprenante, s'impose comme un ultime hommage de l'historien à cet humanisme qu'il chérissait.