Klaus Mann décrit ainsi le sentiment ressenti au début de sa carrière littéraire : « Notre vie consciente commença à une époque d'incertitude angoissante. Autour de nous, tout se fissurait et chancelait, à quoi aurions-nous dû nous raccrocher, d'après quelles lois aurions-nous dû nous orienter ? La civilisation dont nous faisions la connaissance dans les années 1920 semblait avoir perdu l'équilibre, ne plus avoir de but, de volonté de vivre, être mûre pour la ruine, prête à sombrer. Oui, nous fûmes confrontés très tôt à une atmosphère d'apocalypse, fîmes l'expérience de toutes sortes d'excès et d'aventures. » Né en 1906, Klaus Mann ressent ces années comme une profonde crise sociale et politique. Aussi pleine de joie et extraordinaire qu'ait pu être en superficie cette période, elle ne propose de fait aucune ligne morale. Le jeune écrivain présente la réaction de sa génération comme une recherche désespérée d'une nouvelle voie, d'un nouveau sens à la vie.
Uwe Naumann