Beauport (1732-1990)
Une grande aventure industrielle en Guadeloupe
Haut lieu de l'activité industrielle hier, et de la mémoire industrielle aujourd'hui, l'usine Beauport constitue le symbole par excellence de l'histoire sucrière de la Guadeloupe pendant plus de deux siècles et demi.
Au XVIIIe siècle, ce n'est qu'une simple « habitation-sucrerie » avec un moulin à vent, comme il en existe des dizaines d'autres en Grande-Terre. Mais en 1863, dès que la révolution industrielle arrive en Guadeloupe, son propriétaire, le Dr Souques, n'hésite pas à la transformer en une usine moderne. En 1901, comme beaucoup d'autres usiniers blancs-créoles, les Souques font faillite, éliminés par la crise sucrière mondiale. Sept ans plus tard, Beauport est reprise par la SAUB qui l'exploite jusqu'en 1981. C'est en 1965 qu'est établi le record historique de production. Mais immédiatement après se déclenche une crise structurelle qui, en quinze ans à peine, conduit à l'effondrement de l'industrie sucrière guadeloupéenne. Après une longue agonie, Beauport est définitivement fermée en 1990.
L'histoire de Beauport n'est pas seulement celle d'une activité industrielle, mais également une grande et douloureuse aventure humaine. Des milliers de travailleurs de provenances et de statuts divers, esclaves africains d'abord, immigrants indiens ensuite, salariés créoles enfin, se sont succédé sur le site. Tout autant que les décisions gestionnaires des propriétaires de l'usine, leurs peines constituent la trame de ce récit.