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Romancier, Gilles Martin-Chauffier est l'auteur de six romans dont, chez Grasset, Les Corrompus qui a obtenu le prix Interallié en 1998. Il est également rédacteur en chef de Paris-Match.
Depuis Bel-Ami de Maupassant, rien n'a vraiment changé. A Paris, on aime, on trahit, on se venge. Voici une affaire d'Etat où l'on retrouve un jeune ministre charmeur et corrompu, qui doit autoriser une campagne en Afrique d'expérimentation d'un vaccin contre le Sida. Un Falstaff anglais, à l'allure de gentleman-farmer endimanché, tirant sur le cigare et les notes de frais, sorte de Vautrin qui arrange les compte occultes d'une entreprise agissant au nom de l'intérêt de la France. Un juge, métallique et impitoyable, qui voudrait voir tomber les têtes. Quel spectacle ! Serait-ce un cloaque où l'on échange des informations et des comptes numérotés à Lugano ? Les dessous impudiques d'un régime grignoté par la corruption ? Rien n'échappe au stylo vitriolé de l'auteur : aucun ridicule, aucune petitesse des princes qui nous gouvernent. Et pourtant on ne saurait être indifférent à la voix de la narratrice, Arielle de Kergantelec, engagée malgré elle dans cette transaction où elle perdra son honneur, ses illusions, et l'homme qu'elle admire, son breton de père, un homme honnête au pays des scélérats. Arielle, rouée mais innocente, charmeuse mais dépassée. D'un voyage ministériel en Egypte à une piscine de la Place Vendôme, d'un boudoir truffé de micros à la roche de Solutré escaladée par les apôtres du Sphinx, d'une prison pour femmes à une banque de Lugano, le romancier, proche du réel, ausculte notre République finissante. Le trait semble cruel... Mais si nous en étions vraiment arrivés là !