« Là-bas il n'y a que des pierres. C'est le causse perdu. »
- C'est bien ici, non ? C'est bien pour nous.
- Oui, c'est bien.
- Vous aimez ça, vous en aller ? demanda-t-il.
- Non, je n'aime pas m'en aller.
- Pourquoi vous partez, alors ?
- Il y a d'autres endroits que je veux voir, je pense, où j'ai des choses à faire, je crois. Et des amis. Après tout, je ne suis pas né ici.
- C'est vrai. Vous n'êtes pas né ici. Mais vous êtes d'ici.
Dans ce récit, le poète américain William S. Merwin décrit sa rencontre avec des bergers du causse et son installation sur un plateau du Haut-Quercy II raconte une vie au rythme des saisons et évoque la cueillette des champignons, des noix, la distillation des prunes, les moutons des voisins, le temps qu'il passe à s'occuper méticuleusement du potager qui le nourrit. Tout ce monde tranquille est bouleversé par des changements inéluctables ; le poète les décrit avec une grande finesse et à travers le regard original et juste de l'étranger qui devient « local ».
Bergers, traduit par Françoise Palleau-Papin, est extrait du recueil The Lost Upland, qui regroupe trois nouvelles dont Les dernières vendanges de Merle, déjà publiée aux éditions Fanlac.