2022 a marqué une rupture générationnelle d’une ampleur insoupçonnée. Elle clôt un cycle de trente ans, ouvert en 1989 avec la chute du Mur de Berlin. Deux évènements majeurs sont à l’origine de cette cassure : la guerre menée par la Russie en Ukraine, qui n’est en réalité qu’une variante du conflit sino-américain et marque le début d’une seconde guerre froide au détriment de l’Europe ; et l’entrée de la Chine dans un nouveau modèle politique et économique à l’issue du XXe Congrès du Parti communiste chinois.
Ces deux évènements produisent des conséquences en chaîne. Sur le plan économique, « l’économie de guerre » succède à « l’économie de paix » ; sur le plan géopolitique, la planète se transforme en une « demeure du chaos ». En « économie de guerre », la confiance fait place à la méfiance, l’équilibre des forces cède face aux rapports de dépendance, le droit se mue en arbitraire, le libre-échange se heurte à de nouvelles frontières, le conflit à haute intensité devient le mode de résolution des problèmes. Et le monde est contraint d’adopter la nouvelle définition de l’ESG : Énergie, Sécurité, Guerre.
Dès lors, une question est cruciale : nos démocraties occidentales sauront-elles s’adapter à cette nouvelle situation, alors que la Chine s’y prépare depuis dix ans ? Dans cet essai, David Baverez appelle à une prise de conscience collective de l’évolution des rapports de force internationaux. Il propose également aux acteurs publics et privés des mesures à prendre de toute urgence pour assurer la survie des sociétés européennes.