Sorn n’a plus faim depuis longtemps.
Il se contente de survivre à l’absence ; par-delà quelques parsecs, loin de ce monde en périphérie de la nébuleuse N-24 où il vient d’atterrir, elle s’en est allée au creux de l’espace noir.
Et souvent elle vient lui sourire dans ses pseudorêves.
Naëva est là, au sommet d’une vieille colline. Elle l’attendait depuis son dernier passage et la jeune femme n’a montré aucun signe d’impatience. Tous deux se retrouvent ainsi dans la lumière mordorée d’un soir ; un air doux glisse sur cet endroit qu’il ne connaît pas vraiment, toujours un peu le même d’une fois à l’autre, jamais tout à fait différent. Le Temps n’existe pas. Il y a un soleil rouge accroché au fond jauni du ciel. Lorsque Sorn le veut bien, il peut apercevoir des arbres grèges qui pointillent les champs nus, là-bas, aux franges brumeuses des grandes vallées…
Thierry Di Rollo
Proscenium