«Éphémère ébloui», Bonnard fait vibrer comme une corde
la trame dont notre existence est tissée. Le temps n'est pas
arrêté, il est pris. Il bouge ; il miroite ; il continue à travailler
chaque chose dans son dessin et sa couleur. Il est la table
à laquelle on s'appuie. Le séjour devient palpable.
Bonnard saisit et relâche les formes qui passent.
Il y a les femmes, les enfants, les animaux, le jardin respirant
de la terre. Et le temps, qui ronge tout, et le désir, qui croit
effacer le temps. Ils sont enlevés, les uns et les autres, dans
la spirale du temps comme ces poussières qui tourbillonnent
au soleil. Mis en musique dans l'espace mouvant du tableau,
le temps de vivre nous est rendu.
La beauté est partout, sous les yeux, à portée de la main.
Elle commence là où je regarde ce que je vois, où je caresse
ce que je touche.
Bonnard : le regard-fleur et la main légère.
A. L.