La Révolution Française n'a pas, d'un coup de baguette magique, transformé les paysans en citoyens. C'est tout au long du XIXe siècle que se déroula le lent processus de l'intégration des masses rurales dans l'ensemble politique de l'État-Nation.
Le département des Pyrénées-Orientales, durant la première moitié du siècle, est un cas paradoxal : apparemment le pays est entré avec fougue dans les querelles politiques nationales. Il s'est déchiré entre « patriotes » et « aristocrates », monarchistes et républicains, carlistes et socialistes, Blancs et Rouges. Derrière ces bannières de la modernité se cachent pourtant, très souvent, les vieilles querelles de clans, les affrontements de village à village, les résistances sourdes ou ouvertes à l'autorité, d'où qu'elle vienne. Au coeur des stratégies opportunistes, les antiques passions s'avancent masquées.
C'est l'interaction du local et du national, du neuf et de l'ancien, que l'auteur a tenté ici de décrypter.