Bourlinguer : mot inventé par Blaise Cendrars en 1948.
Et si les dictionnaires n'en conviennent pas encore, tant pis
pour la philologie ! Aussi sûrement que modernité attendait
Baudelaire pour se déclarer au grand jour et entreprendre
son étonnante carrière, bourlinguer est resté dans les limbes
de la littérature jusqu'à Cendrars. Le poète a fait mieux que
le forger : il l'a signé en publiant sous ce titre qui sonne comme
une devise un de ses plus grands livres. Tout au long des
années vingt et trente, le verbe apparaît déjà, ici ou là, au fil
de ses textes, mais c'est dans le troisième volume des Mémoires
que la rencontre cristallise. Avec l'évidence entraînante du
mythe, il ira de soi désormais que Cendrars est le bourlingueur
de la littérature française.
La collection «Tout autour d'aujourd'hui» réunit, en quinze
volumes, les oeuvres complètes de Blaise Cendrars (1887-1961)
dont elle propose la première édition moderne, avec des
textes établis d'après des sources sûres (manuscrits et documents),
accompagnés de préfaces et suivis d'un dossier critique comprenant
des notices d'oeuvres, des notes et une bibliographie propre
à chaque volume.
Après L'Homme foudroyé (1945) et La Main coupée (1946),
Cendrars poursuit l'entreprise de ses Mémoires tout en variant
la formule : Bourlinguer, en 1948, recueille onze récits, chacun
dédié à un port, où l'aventure initiatique et l'arpentage du
monde conduisent à un éloge éclatant des magies de la lecture.
C'est dans Vol à voile (1932) que s'élabore cette quête du temps
perdu.