Le Bref traité de quelques villes orientales, de la religion et des moeurs de leurs indigènes de Gabriel Sionite et Jean Hesronite s'inscrit parmi les anthropologies orientalistes du XVIIe siècle. Jibrā'īl al-Ṣahyūnī et Yūḥannā al-Ḥaṣrūnī, natifs respectivement d'Ehden et de Ḥaṣrūn, sont deux savants maronites du Liban qui ont suivi leur formation au Collège Maronite de Rome, lequel venait d'être fondé par les soins et grâce à la bienveillance du pape Grégoire XIII. Plus tard, devenus interprètes du roi Louis XIII, ils élisent quelques villes orientales dont ils proposent un tractatus brevis, genre de descriptif brossé au goût de l'Europe de l'époque. Sans être récit savant, le Bref traité de quelques villes orientales se présente tel le journal de la visite fictive des grandes villes du Moyen-Orient, Tripoli, Alep et le Caire par exemple, dont Sionite et Hesronite esquissent une rapide prosopographie historique, décrivent les us et coutumes avant d'exposer quelques-uns de leurs illustres hommes. Les deux auteurs semblent même emprunter aux sources populaires, osant un amalgame d'histoire sérieuse et de tradition orale, presque une narration de foule, dont l'intérêt cependant est de réfléchir l'Humanisme renaissant de l'époque, nourri de rigorisme religieux, toutefois curieux de réexplorer l'Outre-Mer. Le Bref traité prouve en définitive que les deux auteurs avaient exploité des manuscrits sans en avoir vérifié le contenu scientifique. Quant à notre intérêt, il réside dans notre sincère intention de redécouvrir la beauté des sources chrétiennes orientales, précisément de la littérature maronite d'expression latine.