LES MONUMENTS HISTORIQUES
Le désir de préserver les monuments anciens se traduit en France à la fin du XVIIIe siècle par deux décrets, l'un instituant une commission spéciale (1790) et l'autre dégageant les crédits nécessaires à la conservation de certains édifices (1792). Mais l'expression « monuments historiques » se rencontre pour la première fois en 1830 sous la plume de François Guizot, historien et ministre, lorsqu'il demande à Louis-Philippe la création d'un poste d'inspecteur général des Monuments historiques (chargé d'inventorier le patrimoine français et de prendre les mesures nécessaires à sa protection). Si le jeune historien d'art Ludovic Vitet est le premier à occuper ce poste - de 1831 à 1834 - c'est l'écrivain Prosper Mérimée (1803-1870) qui reste son illustre successeur. De 1834 à 1863, Mérimée met en effet en place tant l'administration que le système de protection et de classement des monuments historiques et effectue des tournées annuelles dans chaque région afin d'inventorier ces monuments. En 1834 est ainsi créé un « Comité historique des arts et des monuments » ; en 1837, la « Commission des Monuments historiques » est chargée de répartir les crédits affectés à ces monuments, d'examiner les projets de restauration et de faire surveiller les travaux après l'adoption d'un projet. Mérimée s'entoure d'experts : il fait notamment appel à l'abbé Cochet et à l'architecte Eugène Viollet le Duc (1814-1879),qui participe d'abord à la restauration de la Sainte-Chapelle, avant de se voir confier la restauration de l'église abbatiale de Vézelay. Auteur d'un énorme travail encyclopédique qui fait toujours autorité et qui comprend une iconographie extraordinaire (tant quantitativement que qualitativement), oeuvre rassemblée sous les titres de Dictionnaire raisonné de l'Architecture, de Dictionnaire du Mobilier et d'Entretiens sur l'architecture, Viollet le Duc signera nombre de restaurations (dont Notre-Dame de Paris, la basilique Saint-Sernin à Toulouse, la cité de Carcassonne, le château de Pierrefonds, etc.). Aujourd'hui souvent controversées, ces restaurations dites « intégratives » ont le mérite incontestable d'avoir permis la sauvegarde de bien des sites et monuments...
Les premières mesures juridiques ne sent prises qu'à la fin du XIXe siècle et ne concernent que le patrimoine public. Il faut attendre 1913 pour que snit votée la loi prévoyant la protection autoritaire du patrimoine privé selon la notion fondamentale d'«intérêt général» : une fois classé, le monument devient l'objet d'une surveillance particulière de la part de l'Etat, qui concourt par ailleurs aux frais exigés par son entretien et sa restauration.