Ce livre commence par un témoignage personnel sur l'autoritarisme du clergé
(qui suscitait des réactions frondeuses) et sur une religion pénitentielle et inhibitrice,
où l'on pouvait néanmoins trouver son bonheur. Au passage, un savoureux
portrait de prêtre.
La christianisation de la Bretagne a débuté différemment : à partir de Tours au
sud-est ; par l'arrivée des Bretons au nord-ouest. Il n'y avait ni séminaire ni sermon
ni catéchisme jusqu'au XVIIe siècle, qui est marqué par des missions spectaculaires
et une discipline imposée aux prêtres, dont beaucoup aimaient fort le vin, et certains
les femmes.
Contrairement aux évêques, la grande majorité des prêtres soutient la Révolution
jusqu'au moment où elle décide qu'ils seront élus. En Bretagne, ils refusent
à 80 %. Certains seront guillotinés. Les autres, persécutés, exilés, résistent avec le
soutien majoritaire de la population.
Au XIXe siècle, marqué par les Bretons Chateaubriand, Lamennais et Renan,
l'Église redevient plus influente que jamais. Puis, de 1880 à 1907 elle est persécutée
par des gouvernements anticléricaux, aux décisions souvent incompréhensibles
pour la grande majorité (la laïcité notamment) et parfois stupidement tyranniques
(interdiction de faire sermons et catéchisme en breton). Mais tandis que l'épiscopat
lutte contre la République et l'école laïque, quelques prêtres combattent ardemment
pour la démocratie et les droits syndicaux. La formation dans les petits séminaires
est rude, mais fort intéressante.
Dans les années 1930, une civilisation de consommation et de jouissance
entraîne un recul de la religion. Après 1965, c'est l'effondrement des croyances
et surtout des pratiques et des vocations. Un dernier chapitre envisage l'avenir en
fonction de possibles modifications dans l'attitude de l'Église et dans nos conditions
d'existence.
Un ouvrage précisément documenté, agréable à lire, nourri de réflexions sur la
fonction de la religion aux différentes époques, parsemé d'anecdotes piquantes et
révélatrices.