J'ai toujours aimé entrer dans les cimetières. Regarder les
photos, lire les noms. Les mots de regret et d'amour. Relier,
renouer les histoires. Que ce soient celles des inconnus ou de
Gaby, le communiste, celles de mes grands-parents italiens ou
de la victime collatérale d'un fait divers sanglant dans les forêts
de Haute-Savoie.
J'ai toujours aimé les cimetières. Ces lieux à l'écart, retranchés,
qui me semblent parfois au coeur battant du monde. Au coeur des
migrations de ce que nous n'appelons plus les âmes. Elles n'en
reviennent pas moins vers nous qui hésitons à prendre la relève.
M. D.