Pratique ordinaire de la cohabitation, adoption du quinquennat : ces dernières années, la Ve République a été profondément modifiée de l'intérieur. Au détriment de la fonction présidentielle ?
L'histoire nous apprend, depuis 1848 et la brève présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, que le statut de chef de l'Etat et sa marge de manœuvre vis-à-vis de l'Assemblée, des ministres, de l'opinion, n'ont jamais connu de définition figée. Tout a été, à chaque fois, affaire de personne, de tempérament, de circonstances. Adolphe Thiers prenant le risque de la guerre civile, Félix Faure se rangeant du côté de l'état-major lors de l'affaire Dreyfus, Raymond Poincaré, patriote lorrain, ne redoutant pas l'affrontement avec l'Allemagne, Albert Lebrun cédant en 1940 aux injonctions de Pierre Laval, René Coty choisissant en 1958 de faire appel à Charles de Gaulle... Autant de cas d'école qui conduisent à réviser l'idée reçue d'un hôte de l'Elysée tout juste bon à inaugurer les cérémonies officielles.