Marielle est un contrôleur des impôts qui, dans le cadre
de ses fonctions, a adressé une lettre à un auteur littéraire,
Framboise Ray, pour demander des justificatifs. Le récit se déploie
à partir de ce courrier, d'une lecture littérale de celui-ci et d'une
découverte prismatique du personnage Marielle dans ses rapports
avec son auteur. Le livre met explicitement en scène le travail d'un
auteur littéraire : la fiction et le regard de l'auteur sur cette fiction
à travers des «extraits» de son journal. Les rapports de l'auteur à
son personnage Marielle sont méthodiquement explorés : la lettre
et l'écriture, la voix et la parole, le corps et le toucher. L'examen
du personnage recourt à l'univers médical et juridique : situations,
personnages soignant/soigné, médecin/patient, appareillages médicaux
et dialogue psychiatrique, juge.
Le texte recoupe l'un des thèmes majeurs défendus par la ligne
éditoriale de la rumeur libre : l'écriture comme un outil qui révèle
l'oeuvre du langage, ici étudié dans une constante ambivalence
entre un imaginaire toujours pris en défaut de déformation et un
réel qui se révèle toujours impossible.
L'auteur de ce texte, Françoise Rey, est très connu pour ses livres
érotiques, et reconnu pour avoir renouvelé le genre de cette littérature
particulière. Ce roman nous donne à voir un versant différent,
mais toujours ludique, toujours léger, ironique juste ce qu'il faut,
où elle est capable de dérision d'elle-même, ce qui est la marque
rare d'une personnalité lucide.
Chère Marielle est un livre qui éclaire toute son oeuvre.